textes de la 3G
Je suis l'image, le témoignage d'une scène que vous, les Hommes, avez provoquée. Vous avez besoin de ça, de jeux, mais pas n'importe lesquels, ceux où il y a du sang, de la violence et la mort.
Bien sûr, ce n'est pas des hommes que l'on tue, ce ne serait pas très éthique... donc on utilise des animaux, bien qu'eux aussi soient des êtres vivants. Il fait beau et lumineux. L'ambiance est joyeuse dans les gradins, mais cette fois ce n'est pas le taureau qui meurt devant une foule emballée; c'est le torero! Après tout on récolte ce que l'on sème... Mais bon, nous savons tous très bien que ce pauvre taureau ne fera pas long feu. La justice existe-elle dans ce monde? Notre monde? Rachel Delsart
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Le taureau est rentré dans l'arène. Ce paysage aux milles couleurs mais pourtant si noir si terrible. Trop longtemps que le torero a voulu jouer, c'est terminé.
Le taureau lui, n'en peu plus de sa vie, sa vie soumise, sa vie battue, meurtrie de douleurs causées par l'homme. Maintenant que ça cesse ! Le taureau regarde les yeux de l'homme une dernière fois puis charge, s'en va ! Silence. Le sang coule sur le sable chaud. Appart quelque oiseaux qui s'envolent, plus rien ne bouge. Les chevaux blancs de l'horreur crient, rugissent ! La tête du torero tombe, son corps roule. Mort, liberté ! Emma Belot Comme tu peux le voir je suis inanimée. Ce n'est pas pour ça que je ne pense pas. Là, je me demande pourquoi tu viens me regarder. Pourquoi moi ? Moi, pauvre morceau de métal sculpté, j'attire des milliers de touristes. Comment ? Tout simplement parce que je suis une oeuvre de Picasso. Tout simplement.
Je me souvient du jour où Pablo m'a sculptée... Face à la mer, sur sa terrasse, il disait de moi que je serais la plus belle, une star parmi les stars... Voyez où j'en suis. Je suis obligée de rester ici et en plus je ne suis pas la plus connue des sculptures. Ne vous fiez jamais aux mots, ils vous haïssent. Nicolas Verhelle - Bonjour Madame, puis je vous poser quelques questions, s'il vous plait ? demande Maxence, un enfant âgé de 9 ans. - Évidemment mon enfant! Je me sens tellement seule, contre ce mur froid et dur! - Mais pourquoi êtes-vous ici alors? - Depuis la mort de mon maitre Pablo, on m'a enfermé dans des pièces comme ici, où toute mon imagination et expression ne peuvent pas se révéler. - Je ne comprends pas très bien quelle imagination? - As-tu déjà une femme avec des grands yeux décalés et avec un gros nez cassé? - Euh... non. - Voilà l'imagination mon enfant. - Et l'expression alors? - C'est le message que veut faire passer mon maitre. Si j'ai des grands yeux c'est parce que la femme voit tout et si j'ai une gros nez c'est parce la femme peut sentir toute trahison ou mensonge venant d'un homme. - Je comprends. Maintenant, à moi de vous aider! - M'aider? Comment? - En vous disant par exemple que vous n'êtes pas dans une simple pièce mais dans celle d'un musée dans laquelle plein de gens viennent vous observer pour y développer leur imagination et leur expression comme nous venons de le faire, vous et moi... WATILLON Anne Je te regarde. Je regarde tout, en fait, pas seulement toi. Mais bon, ça n'a pas d'importance. Je suis du genre curieuse, c'est pour ça que je regarde, que j'observe. Après, ce ne sont peut-être pas des yeux que j'ai là. Ces grands ronds bleus et verts avec un point noir dedans. Qui sait? Seul Picasso le savait mais il est mort. Alors, je ne saurais te dire.
Aussi, ma forme. Comment est-elle? Tu la vois, toi, puisque tu as des yeux, des vrais. A quoi ressemble-t-elle? Est-elle jolie? Moi, je n'en sais rien. Je ne me suis jamais vue. Enfin, à part dans les yeux des spectateurs. Mais il y a toujours une sorte de répulsion, d'incompréhension. C'est comme ça, l'Homme. Il a peur ou il est dégoûté par ce qu'il ne comprend pas. Tu ne comprends pas comment on peut réfléchir comme ça? Moi non plus. Pourquoi avoir peur? Bien entendu, je ne suis qu'une oeuvre d'art. Une oeuvre d'un artiste assez révolutionnaire, quoique sûrement, lui aussi, quelque peu incompris. Au fond, on ne comprend jamais vraiment les autres. Ils restent des énigmes pour nous. Mais, ne sommes-nous pas aussi une énigme pour nous-même? Qui à la prétention de dire qu'il se comprend? On prend toute une vie pour se connaître. Pour connaître les autres. Mais est-ce que à un seul moment, un seul instant, on a compris? Moi pas. Je ne comprends pas et ne comprendrai sans doute jamais l'Homme. Pourtant, j'ai près de 100 ans. Clémentine Gillis. |